Dans un demi-sommeil, le roi de la savane revint à lui. Le cauchemar de cette humaine étrange était enfin fini. Il allait bientôt se lever pour de bon et faire son tour habituel sur la Terre des Lions pour voir si tout allait bien. Mais même les yeux fermés, Simba sentait que quelque chose n’allait pas. Il avait froid, des voix résonnaient dans sa tête, des voix inconnues. Il était entouré d’odeurs qu’il ne connaissait pas. Il voyait à travers ses paupières que le soleil était levé, mais il ne faisait pas chaud. Il voyait aussi des formes bouger, des ombres. Les oiseaux chantaient, mais il ne reconnaissait pas leurs chants. Il connaissait le chant de tous les oiseaux. Il connaissait les cris de tous les animaux. Tout semblait avoir changé. Le sol sous son corps aussi était différent. Dur. Rugueux. Le Rocher aussi était dur et rugueux, mais différemment. Il n’était pas sur le Rocher de la Fierté. Et sa famille n’était pas avec lui. Mais où était-il ?

Il ouvrit lentement les yeux. Il ne reconnaissait rien. Un drôle d’animal passa non loin de lui en poussant des rugissements effrayants. Il se leva prestement, il ne fallait jamais rester coucher face à un ennemi. Des humains passaient près de lui en le regardant de manière étrange. Simba voulut grogner, mais un bruit étrange sortit de sa gorge. Personne ne semblait l’attaquer, il n’avait pas l’air en danger. Tout cela était des plus bizarres. Il prit alors le temps de regarder autour de lui. Tout d’abord, le sol. Il baissa les yeux. Ce sur quoi il marchait avait l’air d’être de la pierre. Ou du sable dur. Il se saisit en voyant des pattes humaines sous lui. Il recula, mais elles le suivirent. Il leva une patte et la main de gauche se souleva en même temps. Il recommença avec la droite et l’autre main se souleva. Les battements de son cœur s’accélérèrent. Il souleva frénétiquement patte gauche et droite, les mains suivaient le même mouvement. Désespéré, il baissa la tête pour regarder sous lui, pour voir si un humain lui jouait une farce. Il vit des jambes d’humain, à genoux sur le sol. Le corps humain était nu. Mais aucune trace de son corps à lui. Avec appréhension, il souleva une patte arrière, le genou se leva. Il répéta ce manège plusieurs fois, comme avec ses pattes avant. Non, ce n’était pas possible. Il ne pouvait pas… Comment pouvait-il… Dans un dernier élan de désespoir, il regarda son dos. Il vit une colonne de poils sur un dos humain. Il tira dessus. Enfin, la main tira dessus. Un courant de douleur lui parcourut l’échine. Il fallait se rendre à l’évidence. Il semblait que par un évènement des plus sombres, il était devenu humain. Avec de la chance, ce n’était qu’un mauvais rêve et il se réveillerait bientôt auprès de Nala.

Nala… Où était-elle ?! Et Kiara ? La prunelle de ses yeux ? Et Kovu ? Où étaient-ils tous ? Avaient-ils aussi été transformés ? Etaient-ils dans cet endroit étrange, eux aussi ? Est-ce qu’eux aussi étaient devenus… humains ? Si oui, comment allait-il les retrouver ? Il se mit à marcher sur ses mains et genoux, mais des petites pierres se coinçaient dans sa peau et lui faisaient mal. S’appuyant contre un arbre, il essaya de se redresser. Ses jambes flageolèrent et il tomba. Il aurait voulu que quelqu’un lui vienne en aide. Mais tout le monde passait à côté de lui, faisant semblant de ne pas le voir. Des petits le montraient du doigt, et leurs parents les tiraient vers eux en leur cachant les yeux, lançant un regard noir au pauvre Simba qui n’y comprenait rien. Son désespoir se lisait dans ses yeux. Il tenta une nouvelle fois de se lever mais, à nouveau, il perdit l’équilibre et retomba. Il sentit quelque chose de froid sur son dos et sursauta. Il leva les yeux. Une humaine était près de lui. Petite, le dos courbé et des poils blancs sur la tête. Elle prit quelque chose de gris avec du noir dessus dans sa main et le brandit vers lui. Il recula, effrayé. Elle posa la chose devant lui et lui fit signe de le prendre et de le mettre devant lui. Il le renifla, posa sa main dessus puis recula, au cas où. Ca n’avait pas l’air dangereux. L’humaine n’avait pas l’air agressive du tout, alors il fit comme elle lui avait montré. Il prit cette chose et la plaça devant lui. Mais un coup de vent fit bouger la chose qui fit du bruit. Il la lâcha et elle atterrit un peu plus loin. L’humaine alla la ramasser et revint avec. Elle le maintint elle-même devant Simba, pas très rassuré. Elle l’agrippa ensuite sous le bras et il se sentit un peu soulevé. Il la regarda, elle semblait lui dire de pousser avec ses pattes pour se redresser. Les passants observaient la scène avant de continuer leur chemin. Mais un humain s’approcha et aida l’humaine à aider Simba, qui se retrouva bientôt sur ses deux pattes arrières, chancelant un peu, mais debout quand même.
Aidé des humains, il tenta un pas, puis un autre. Rapidement, il apprit à se déplacer comme eux, pas toujours bien, mais suffisamment pour qu’il tienne sans tomber. Ils semblaient le guider quelque part, mais bien qu’il soit ravi qu’on l’ait aidé, il refusa de les suivre. Il essaya de reculer. Les humains le regardèrent, perplexe. Le mâle retira ce qu’il avait sur le haut de son corps et essaya d’emprisonner les pattes avant de Simba dedans. Il recula, effrayé, et tomba. Il se retourna et essaya de se relever pour courir dans le sens opposé et leur échapper. Il poussa sur ses pattes et réussit tant bien que mal à se redresser. Il se mit à courir puis retomba. Il repoussa sur ses pattes et recommença à courir. Il continua comme cela jusqu’à un endroit où il sentit quelque chose de moins étranger. Il se dirigea dans cette direction et arriva bientôt en vue de… lions ! Il s’approcha d’eux. Deux lions étaient couchés sur une pierre, alors que les lionnes se trouvaient sur le sol, avec quelques petits.

« Et je te jure que s’il s’était approché plus près, j’en aurais fait mon repas. Les enfants, c’est tellement appétissant qu’ils devraient les empêcher de venir par ici… »

« M’en parle pas ! Et tu savais que… »

Le second lion se tourna vers Simba et le regarda.

« Qu’est-ce qu’il a le bipède à nous regarder comme ça ? »

« Il veut peut-être qu’on le manger pour le petit-déjeuner ! » répliqua le premier.

« Excusez-moi, dit Simba, mais est-ce que vous pourriez me dire où nous nous trouvons ? »

Les deux lions le regardèrent abasourdis. Il y eut un long moment de silence, pendant lequel les deux lions se jetaient des regards incrédules et regardaient à nouveau Simba.

« Euuuuuhh… » commença le premier.

« New York, on est à New York. » continua le second.

« Et vous êtes là depuis longtemps? » demanda Simba.

Les lions regardaient toujours Simba d'une drôle de façon. Mais il ne s'en préoccupait pas. Ce qu'il voulait savoir, c'était ce qu'il faisait là et comment retrouver sa famille. Il regardait les lions sans baisser les yeux. Il était un roi après tout, dans son corps de lion ou non, cela ne changeait rien. Il sentait bien qu'ils n'étaient pas très enclins à lui parler mais il ne lâcherait pas le morceau. Finalement, il lui sembla qu'ils comprirent qu'il ne partirait pas et se décidèrent à parler plus longtemps.

« Depuis... Trois ans? Enfin, moi je suis là depuis trois ans. Muffy toi tu.. »

« Oui moi je suis arrivé un an avant. » répondit le lion appelé Muffy

Les deux lions regardèrent Simba. Il devait faire une drôle de tête car ils commencèrent à le dévisager. Simba, lui, fixait le second lion. Celui qu'on avait appelé Muffy. Muffy... Comme le surnom affectif par lequel sa mère appelait son père. Mufasa... Comment est-ce que ce lion pouvait s'appeler Mufasa, comme son père? Il allait poser plus de questions quand le regard des deux lions se déplaça. Instinctivement, il fit de même et se retourna, pour voir une humaine s'approcher de lui, enlever ce qu'elle avait sur le dos pour essayer de le mettre sur lui. Il recula rapidement, sans tourner le dos, jusqu'à se retrouver le dos collé à la pierre le séparant des lions. Il ne savait plus quoi faire. L'humaine lui dit quelque chose mais il ne comprit pas. Derrière l'humaine se trouvait un humain qui le regardait avec un air étonné collé à son visage. Il semblait ne pas comprendre ce qu'il se passait. En son fort intérieur, Simba pensa qu'il comprenait encore moins ce qu'il lui arrivait. Transformé en humain, ne comprenant pas leur langage... Il entendit une voix derrière lui, c'était à nouveau ce lion dont le nom ressemblait à celui de son père.

« T'en fais pas, l'humain, ils veulent t'aider on dirait! »

« Qu'est-ce qui vous fait dire ça? » demanda Simba d'un ton incertain

« Après les années passées ici, on commence à comprendre ces bipèdes! Et puis toi t'as l'air différent.. On a jamais parlé à un humain avant. »

Toujours peu sûr, Simba regarda les humains d'un ton méfiant mais décolla son dos de la pierre.